Cette volonté insidieuse de bannir de l’espace public parisien toute manifestation extérieure de la religion chrétienne s’exprime tous azimuts, y compris dans la toponymie de la capitale. Alors que le parvis de Notre-Dame de Paris fut rebaptisé en 2006, non sans peine, du nom de l'ancien pape Jean-Paul-II, n’a-t-on pas vu la station RER Eole-Evangile, - dénommée de la sorte en raison de sa proximité géographique avec la rue de l’Evangile (XVIIIème) - être subitement débaptisée en 2011 afin de lui attribuer, sans la moindre concertation, le nom de Rosa Parks, en hommage à la figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, sans doute plus conforme au politiquement correct du moment ! Au fait, la croix que les parisiens aperçoivent encore en bordure de cette même rue, - dont beaucoup ignore qu’il s’agit du dernier calvaire subsistant à Paris - survivra-t-elle au chantier de construction de la future gare Rosa Parks qui doit s’achever en 2015 ?
Dans le même ordre d’idées chacun se souvient de la mesquinerie dont firent preuve naguère certains édiles parisiens qui avaient manifesté bruyamment leur désaccord à la réception qui fut réservée au pape Benoît XVI par les autorités de la République, lors du déplacement officiel du souverain pontife dans la capitale en septembre 2008, en jugeant la qualité de cet accueil quelque peu excessive. Pourtant, trois ans plus tôt, la majorité municipale de gauche d’alors n’avait guère trouvé de motif à s’indigner contre l’activisme provocateur de militants d’Act Up qui avaient profané l’enceinte de la cathédrale Notre-Dame de Paris en juin 2005, blessant au passage son recteur archiprêtre, lors d’une parodie de célébration de ‘‘mariage’’ homosexuel ; l’exécutif socialiste n’avait pas davantage exprimé de quelconque état d’âme lorsqu’il s’est agi de financer plus récemment des opérations ‘’culturelles’’ controversées : exemple parmi tant d’autres, la pièce de théâtre Golgotha Picnic, partiellement subventionnée par la Ville de Paris en 2011, dont le caractère notoirement anti-chrétien n’avait alors échappé à personne. Avec les célébrations de fêtes religieuses, le symbole joue encore à plein : chaque année pendant le Ramadan, avec une générosité qui coûte cher aux contribuables, la Mairie de Paris veille avec constance à inviter les parisiens à une soirée festive de rupture du jeune dans les fastueux salons de l’Hôtel de Ville, tout en oubliant de combler les grandes fêtes de tradition chrétienne d’une semblable sollicitude…
Comment aussi ne pas se sentir profondément heurté par les déclarations manichéennes de Bertrand Delanoë, prenant violemment à partie le Cardinal Philippe Barbarin en septembre dernier lorsque, en conscience, le Primat des Gaules s’est légitimement ému à la perspective des innombrables bouleversements anthropologiques que provoquera inévitablement la légalisation projetée du ‘‘mariage’’ et de l'adoption homosexuels : en accusant brutalement l’archevêque de Lyon d’avoir « pété les plombs » sur ce sujet, c’est bien le magistère de l’Eglise catholique qui est en réalité dans la ligne de mire du maire du Paris. Voici peu la menace s’est précisée ; faisant écho aux récentes déclarations de Cécile Duflot, ministre du Logement, le Conseil de Paris a adopté le 10 décembre dernier un vœu réclamant du premier magistrat de la ville un inventaire des biens immobiliers appartenant aux congrégations religieuses : sous couvert de dresser un état d’occupation et des potentialités du bâti sur le territoire parisien, pour accueillir les sans-abri et les mal-logés, la Mairie de Paris apporte ainsi son concours actif à la mise en œuvre, ô combien anachronique, de la politique gouvernementale de réquisition des biens ecclésiastiques.
Ces mauvaises manières pratiquées intentionnellement à l’endroit d’une religion éminente dont le poids historique se confond encore avec les traits dominants de la civilisation française, - sans toutefois s’y identifier totalement - se répètent à un rythme si régulier que l’on ne peut sérieusement ne pas y voir la marque du sectarisme congénital de nombre d’élus parisiens membres d’une majorité municipale qui ne peut souffrir la moindre expression publique de la foi chrétienne, laquelle demeure finalement victime d’une redoutable inhibition mentale, propre à la France, dont la persistance doit autant à une méfiance maladive de nos élites à l’égard des religions qu’à une conception dévoyée du dogme républicain de la laïcité.
Ce travers archaïque mérite-t-il l’indulgence ? A tout péché miséricorde. Les célébrations qui entoureront, en 2013, le 850ème anniversaire de la fondation de la cathédrale Notre-Dame de Paris offriront probablement l’occasion à la Mairie de Paris de s’extraire de cette pitoyable chape de plomb idéologique, à la faveur d’une couverture médiatique dont l’intensité prévisible déterminera assurément les élus parisiens à se hisser, au moins le temps des festivités annoncées, à la hauteur d’un événement considérable qui honorera le plus vénérable des monuments de la capitale.
Article paru dans l'Action française du 3 janvier 2013 (n°2854)