Malgré les transgressions verbales de la campagne de 2012, les Français — tels des maris trompés — ne faisaient plus confiance au Président sortant. Ils l'ont donc logiquement sanctionné et ont décidé de se tourner vers la concurrence. Ils ont compris que la stratégie « Buisson » utilisée d'abord par Sarkozy, puis reprise par Copé, qui consiste à jouer aux durs est un leurre. Le scenario sera identique en 2017 si la droite reste dans cette logique.
L'erreur de l'UMP est de croire qu'il y a un électorat au centre, alors qu'il n'en est rien. Jean-Louis Borloo et consorts ne parlent qu'à des chaises vides. Les Français subissent la crise et le chômage de masse de telle façon que couches populaires et classes moyennes se sont radicalisées, poussant le curseur vers leur droite. Elles rejettent ce que l'on appelle le libertarianisme sociétal des élites socialistes, qu'elles soient politiques ou médiatiques.
Aujourd'hui, le Front national pèse au moins 20 % de l'électorat et progresse chaque jour. Il atteindra probablement les 30 % en 2017. L'UMP ne pourra se passer d'une alliance avec le FN, au risque de connaître cinq nouvelles années d'opposition. Et cette fois, la naissance de plusieurs chapelles autonomes, en attendant la dissolution du parti.
Il semble que les dirigeants de l'UMP qui n'ont pas deux sous de jugeote n'en finissent pas de tomber dans le piège socialiste. Affubler le Front national des qualificatifs « fasciste », « collabo » ou « antirépublicain » est caduc et ne passe plus auprès des masses. Pour ces dernières, Marine Le Pen et son parti sont les seuls à même de les protéger d'un système libéral et mondialiste qui les opprime et dont les représentants seraient le PS et l'UMP.
La droite française doit sortir de cette logique passéiste qui la condamne à l'échec. Malheureusement pour elle, ses élites n'ont pas le courage de briser un tabou créé par 30 ans de diabolisation et dont le père est le génial Jacques Pilhan. François Mitterrand n'avait pas ces scrupules lorsqu'il fallait tendre la main aux communistes. Mais n'est pas François Mitterrand qui veut.